Aboû Hanifa - qu'Allah l'agrée - menait un combat sans merci contre les existentialistes (ad-dahriyoûn). Ces derniers cherchaient par tous les moyens l'occasion de l'éliminer. Un jour qu'il était assis dans sa mosquée, un groupe de ces gens l'attaquèrent avec des sabres pour l'assassiner.
Il leur dit : « Répondez d'abord à une question, puis faites de moi ce que vous voulez ! - Quelle est ta question ? dirent-ils. » Il dit : « Que diriez-vous de quelqu'un qui vous dit : J'ai vu un navire lourdement chargé de marchandises et entouré en pleine mer par des vagues déchaînées et des vents de toutes sortes. Ce navire poursuivait pourtant en toute quiétude son chemin à travers les flots sans avoir un capitaine pour le diriger ni un pilote rectifiant sa direction. Est-ce que l'esprit accepte une telle affirmation ? - C'est une chose inconcevable ! dirent-ils. » Aboû Hanîfa leur dit alors : « Yâ Soubhâna Allah ! - Gloire et pureté à Dieu ! - Si l'esprit n'admet pas qu'un navire avance en toute quiétude en mer sans pilote ni capitaine, comment peut-il admettre que ce monde se maintienne sans Créateur ni Conservateur malgré la diversité de ses états, l'étendue de ses limites et la disparité de ses contrées !? » Ils fondirent tous en larmes et lui dirent : « Tu as vraiment raison. » Ils remirent leurs sabres dans leurs fourreaux et revinrent à Dieu repentants.